PAROLES DU SAINT PAPE FRANÇOIS (Mt 11,2-11)
Reçu
Jean, en entendant parler des œuvres de Jésus, est saisi d'un doute quant à la question de savoir s’il est vraiment le Messie ou non. Le texte souligne que Jean se trouve en prison, et cela, en plus du lieu physique, nous fait penser à la situation intérieure qu'il vit: en prison, il y a l'obscurité, il manque la possibilité de voir clairement et de voir au-delà. En effet, le Baptiste n’arrive plus à reconnaître en Jésus le Messie attendu. Il est assailli par le doute et envoie les disciples vérifier. «Allez voir si c’est le Messie ou non». Nous sommes surpris que cela arrive précisément à Jean, qui avait baptisé Jésus dans le Jourdain et l'avait désigné à ses disciples comme l'Agneau de Dieu (cf. Jn 1, 29). Mais cela signifie que même le plus grand croyant passe par le tunnel du doute. Et cela n'est pas un mal, au contraire, c'est parfois essentiel pour la croissance spirituelle: cela nous aide à comprendre que Dieu est toujours plus grand que ce que nous imaginons; les œuvres qu'il accomplit sont surprenantes par rapport à nos calculs; sa façon d’agir est différente, toujours, elle dépasse nos besoins et nos attentes; et par conséquent, nous ne devons jamais cesser de le chercher et de nous convertir à son véritable visage. Un grand théologien disait que Dieu «doit être redécouvert par étapes... en croyant parfois le perdre» (H. de Lubac, Sur les chemins de Dieu). C'est ce que fait le Baptiste: dans le doute, il le cherche encore, l'interroge, «discute» avec lui et finalement le redécouvre. Jean, défini par Jésus comme le plus grand parmi ceux nés d’une femme (cf. Mt 11, 11), nous enseigne, en somme, à ne pas enfermer Dieu dans nos propres schémas. Cela est toujours le danger, la tentation: nous faire à Dieu sur mesure, un Dieu à utiliser. Et Dieu est autre chose. (Pape François – Angélus, 11 décembre 2022)